A
u clair de la lune, le petit Pierrot
musarde et rêvasse, s’évadant là-haut,
vers l’astre nocturne blême, rond et beau,
sous l’œil sagace de m’sieur l’escargot.
Né il y a un an et demi sur le blog que lui a consacré Alberto Varanda (Elixirs, La Geste des Chevaliers dragons, Sur les traces de Luuna), Petit Pierrot, inséparable de son compère, un gastéropode très terre-à-terre, ne mâchant pas ses mots et qui pourrait très bien lui faire office de conscience – à chacun son Gemini Cricket -, est, en quelque sorte, le petit frère du Boule (et Bill) de Roba et du Calvin (et Hobbes) de Watterson. Lunaire et lunatique, il est passionné par le mouvant satellite aux formes changeantes, tantôt ballon, tantôt croissant, et a toujours un oreiller à portée de main pour mieux naviguer sur la mer des songes et l’océan de son imagination enfantine et fertile. Ses aventures, bêtises et traits d’esprit s’enchaînent sous forme de strips et de tableaux chargés d’un humour bonhomme et d’une poésie toute en douceur. Ils prennent des allures de promenade et d’évasion par des chemins de traverse, clé des champs en poche, pour le plus grand plaisir du lecteur qui s’y abandonne totalement, entraîné par les facéties du duo. L’absence d’adultes renforce le caractère espiègle de l’ensemble et laisse libre cours aux échappées oniriques, bien que Monsieur l’escargot ne soit guère avare en conseils et fasse office de « voix de la sagesse », tout en s’amusant lui aussi.
Graphiquement, il est difficile de résister à la bouille ronde, aux cheveux en bataille, aux yeux largement ouverts sur un monde merveilleux du garçonnet et de ne pas sourire à la vue du patient colimaçon qui l’accompagne partout en agitant – lentement – le haut de son corps et ses appendices oculaires pour mieux exprimer ses émotions. Les camarades de Pierrot sont dans la même veine, tout en rondeur, tandis que la lune, omniprésente figure astrale et maternelle, déploie ses formes girondes ou affilées à chaque page. Pour encore mieux plonger son public dans l’atmosphère de l’album, Alberto Varanda a judicieusement choisi une mise en couleurs dans des tons sépias qui en renforcent l’ambiance feutrée, onirique et tendre, conviant à un bain nocturne sous des rayons blafards mais combien rassurants.
Ce premier tome de Petit Pierrot constitue une agréable invitation au dépaysement et au rêve, et s'avère propre à séduire petits et grands. Qui sait, si l'album refermé, certains ne seraient pas tentés d'aller à leur tour décrocher la lune ?
>>> Visitez le blog de Varanda consacré au Petit Pierrot
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